Ville de Bouc Bel AIr

Mars 1916

18/03/2016
Mars 1916

Depuis le 21 février 1916 les allemands sont passés à l’offensive sur le front de Verdun.

L’effort s’est porté sur la rive droite de la Meuse mais en ce mois de mars ils ont décidé de concentrer leurs attaques sur la rive gauche dans un secteur délimité par les villages de Malancourt, Haucourt, Béthincourt et les tristement célèbres cotes 304 et 295, dite « Le Mort-Homme » (voir la carte). Pendant tout le mois de mars français et allemands vont se battre pied à pied pour conserver ou s’emparer de ce secteur qui domine Verdun au nord-ouest et qui permettrait aux « feldgrau » d’espérer percer le front à cet endroit.

C’est donc parmi des centaines de milliers d’hommes que vont être engagés quelques-uns des enfants de Bouc Bel Air. Nous n’avons pas de témoignages directs de leur part sur ce qu’ils y ont vécu mais ceux de camarades d’autres unités auxquelles ils appartenaient ou qu’ils côtoyaient permettent d’imaginer ce qu’ils ont enduré au quotidien ce mois de mars.

C’est ainsi que le caporal Vialaret, du 7e génie, croisant d’autres soldats, dépeint les conditions de « vie » de nos poilus dans ce secteur: « La figure jaunâtre, amaigris, frustes, les yeux brillants, sales, aux vêtements usés, dégoûtants. Logés dans des terriers humides, aux couches pourries où pullulait la vermine, sans pouvoir se laver et en alerte continuelle, ils n’allaient chercher leurs aliments à l’arrière qu’au prix, quelquefois, de la vie ».

Le même caporal évoque aussi les terribles bombardements que subissent jours après jours les soldats de « bouc » et leurs camarades : « Le sol était secoué d’un tremblement convulsif. Lorsqu’un gros obus à fusée retardée tombait dans nos alentours immédiats, le sol oscillait sous nos pieds de bas en haut. Au bout de plusieurs heures, nous étions hébétés, la tête nous faisait mal, les oreilles aussi. Nos membres étaient courbaturés à l’extrême».


Jules OLIVIER, chef cantonnier sur la commune et mobilisé dès le 5 août 1914, se trouve dans la mêlée avec son régiment, le 3ème RI, sur les pentes du ruisseau des Forges entre Malancourt et Béthincourt. Louis BERNARDOU qui lui est cocher, est incorporé au 163ème RI en début de cette année 1916. Il rejoint rapidement ce secteur où son régiment perdra jusqu’à 1600 hommes pendant cette période. Emile SAMAT est cultivateur lorsqu’il rejoint en mars 1915 son régiment d’artillerie.

C’est comme canonnier au 9ème groupe du 7ème RAL qu’il est envoyé dans la région de la forêt de HESSE, un peu plus au sud du secteur où combattent ses deux compatriotes. C’est là qu’il va y trouver la mort dans une de ses missions de liaison le 22 mars 1916. Il sera décoré à titre posthume. L’instituteur des garçons de Bouc Bel Air, Edouard BOUQUET, est quant à lui sergent au 111ème RI et se trouve dans le bois de Malancourt depuis plusieurs semaines lorsque les allemands en donne l’assaut après un très violent bombardement.

Il sortira vivant de cette attaque pour perdre la vie quelques mois plus tard, au fort de Vaux le 3 novembre (nous en reparlerons).
L’écrivain et historien Pierre MIQUEL, dans son « Mourir à Verdun », rapporte les propos d’un officier du 211ème RI qui a participé à ces terribles combats de mars 1916 entre côtes de Meuse et d’Argonne.

Ses propos résument à eux seuls toute l’horreur des combats : « On marchait sur des morceaux de viande, c’était une bouillie humaine ». Ce sont ainsi des régiments entiers qui ont été décimés et des milliers d’hommes qui ont péri sous les obus qui tombaient par moment à plus de 100 par minute… Le sacrifice de nos poilus n’aura pas été vain puisque le commandant des forces allemandes de la rive gauche de la Meuse commençait ainsi à douter de la victoire et disait : « Nous ne prendrons Verdun qu’en 1920, au mieux ! »

BERNADOU Louis

OLIVIER Jules